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Béjart l’éternel

Posted in Nécro by hichambennani on novembre 22, 2007

Maurice Béjart n’est plus.

Le chorégraphe et danseur Maurice Béjart s’est éteint le jeudi 22 novembre à l’âge de 80 ans. Une énorme perte pour la danse contemporaine. L’artiste a été hospitalisé à Lausanne pour des affections cardio-pulmonaires la semaine précédent son décès. Il avait déjà été admis à l’hôpital il y a un mois et traînait des problèmes de santé depuis quelques années. Véritable bourreau de travail, l’homme préparait un nouveau ballet qui devrait être présenté à partir du 20 décembre à Lausanne, puis à Paris en février 2008. Le maître, même s’il a tiré son ultime révérence, restera immortel de part son immense carrière.

Musulman par spiritualité

Né à Marseille, Maurice Berger emprunte son pseudonyme à Armande Béjart, la femme de Molière. Une manière bien a lui de rendre hommage à cette figure du théâtre français. Son arrière grand-mère paternelle était originaire du Sénégal. Son père, le philosophe Gaston Berger parlait sept langues et lui expliquait « que toutes les religions se valent, et qu’il convient d’en choisir une et de s’y tenir » selon les propos de Béjart. Ce dernier embrasse l’Islam chiite en 1973. Il rencontre à cette époque l’impératrice iranienne Shabanou Farah. Sa relation avec le maître soufi Ostad Elahi marquera un tournant dans sa vision de la danse : « J’ai toujours pensé que la danse était liée à la divinité, que le sacré se mêlait au mouvement de la danse. C’est un univers transcendant qui fait appel au subconscient, je dirais même aux forces occultes » écrivait Maurice Béjart dans « L’autre chant de la danse » (1974).
Ce géant de la chorégraphie (au sens propre comme au figuré) savait faire la part des choses. « Inquisition espagnole hier, intégrisme musulman aujourd’hui, l’histoire nous repasse souvent les mêmes plats » déclarait Béjart. Un de ses ballets, dédié à la chanteuse arabe Oum Kalsoum, avait été censuré au Liban en novembre 1999 pour « atteinte à l’islam ». Le motif ? À un moment dans la chorégraphie, des hommes priaient pendant que des femmes dansaient autour d’eux en tenue de vestales.

Citoyen du monde

Formé à l’école russe, auprès de Sergeiev à Londres, en 1946, Béjart est engagé dans la compagnie de Roland Petit en 1948 à Paris. Il se démarque avec une musique avant-gardiste dès sa première création en 1955 intitulée « Symphonie pour un homme seul ». Entre 1955 et 1959, le stakhanoviste signe 29 pièces, toutes aussi riches les unes que les autres. Il rencontre un succès triomphal avec la mise en scène du Sacre du Printemps, de Stravinsky, en 1959 et fonde l’année suivante le Ballet du XXe siècle, installé au Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles. Il produit notamment Le Boléro de Ravel et L’Oiseau de Feu de Stravinsky. Wagner, Bach, Berlioz, Brel, Barbara, mais aussi U2 ou Queen font partie des noms qui ont influencé son œuvre.
En 1987, Maurice Béjart crée le Béjart Ballet Lausanne. Tokyo, Berlin, Rio, Paris, Le Caire, sa troupe sillonne le monde. Il demande alors la nationalité Belge, se sentant plus proche de ce pays où il a vécu 30 ans que de la France. Incinéré à Lausanne, ses cendres ont été dispersées mardi 27 novembre sur les plages d’Ostende, face à la mer du Nord, en Belgique. Tel était son souhait.

Hicham Bennani

BIO Béjart

1927 : naissance à Marseille

1955 : 1ère création « Symphonie pour un homme seul »

1960 : fonde le Ballet du XXe siècle (Bruxelles)

1987 : fonde le Béjart Ballet (Lausanne)

2007 : obtient la nationalité Suisse

Le Journal Hebdomadaire, novembre 2007

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