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Islam au Maroc : sommes nous plus croyants qu’avant ?

Posted in Religion by hichambennani on octobre 19, 2009

Un récent rapport avance que la religion prend de plus en plus d’ampleur. Mais ses arguments sont-ils convaincants ?

Les jeunes, et la société marocaine en général, s’intéresseraient de plus en plus à la religion. C’est ce qui ressort d’un rapport sur les appartenances à la religion dans la société marocaine entre 2007 et 2008, qui a été présenté le 3 octobre dernier à Rabat. Il a été mis en place par le Centre Marocain des études et des recherches contemporaines, qui a récemment vu le jour. Les travaux de recherche ont été effectués par dix chercheurs marocains. «Ce sont tous des Doctorants ou des étudiants qui ont au moins un Master», explique Mustapha El Khalfi, directeur du centre et directeur de publication du quotidien arabophone Attajdid. Pour prouver ce qu’il avance, le rapport met en exergue plusieurs arguments, chiffres à l’appui, comme le taux d’affluence dans les mosquées qui aurait particulièrement progressé. En se basant sur les statistiques du ministère des Habous, le document indique que le nombre de mosquées dans le royaume est passé de 41 755 en 2007 à 47 967 en 2009, dont 13 143 dans les villes et 34 784 dans les zones rurales. Le rapport précise que c’est pendant le mois de ramadan que les mosquées sont le plus fréquentées et que la population pratique le plus la religion. «Dire qu’il y a plus de mosquées qu’avant ne veut pas forcément dire que l’islam prend de l’ampleur», tempère l’islamologue Mohammed Darif. Selon lui, l’augmentation du nombre de mosquées est dû à la politique religieuse de l’Etat : «Cette politique de proximité facilite le contrôle par l’Etat de ceux qui fréquentent les mosquées».
Autre argument du rapport : en 2008, le Maroc a enregistré 170 000 demandes de pèlerinage à la Mecque, contre 110 000 en 2007. Sans parler des demandes pour «Al Omra»… Un chiffre qui aurait progressé grâce aux nouvelles facilités mises en place par l’Etat pour effectuer le voyage en Terre sainte. «S’il y a plus de demandes, c’est à cause de la nouvelle politique de quota de l’Arabie Saoudite qui limite le nombre de pèlerins. Toutes les demandes ne sont pas forcément acceptées et il y a donc forcément une liste d’attente plus importante», éclaire Darif.
Le phénomène des écoles coraniques est également cité : le nombre d’élèves dans ces institutions est passé de 300 000 en 2007 à 500 000 en 2008. Mais, que valent tous ces chiffres avancés par le document ? «Ce sont des chiffres officiels puisés dans des recherches ou au ministère des Habous», précise El Khalfi. Finalement, peut-on vraiment avancer que les gens se tournent davantage vers la religion si l’on tient compte de toutes ces données ? «Il ne s’agit là que d’un premier rapport, d’autres viendront étayer notre thèse», répond le directeur du centre.

Des juifs «symboliques»
Le changement des tenues vestimentaires et le phénomène du port du voile qui s’accentue sont également abordés pour attester du fait que les Marocains se rapprochent plus de l’islam. «Les chaînes islamiques, de plus en plus présentes, influencent beaucoup la société», précise aussi le rapport. Le contrôle du champ religieux, la mise en place du haut conseil des ouléma et le patrimoine islamique à travers les différentes bibliothèques des villes marocaines sont également des thèmes traités. Enfin, la nouvelle mode de «finance islamique» serait également un indice révélateur à prendre en compte. Toujours selon ce même rapport, les principaux acteurs qui ont contribué à l’attrait des Marocains pour la religion sont : les institutions du commandeur des croyants et le ministère des Habous. Les ouléma, dans le système religieux, auraient pris du gallon suite aux attentats de Casablanca. Ils étaient au nombre de 30 juste après les événements de Casablanca, alors qu’ils étaient 14 auparavant. De 30 en 2007, ils ont atteint le chiffre de 70 en 2008.
Plus globalement, cinq points ont été étudiés par les auteurs du rapport : la situation religieuse au Maroc, les acteurs religieux, les interdits religieux, les interactions entre la religion et le politique et le cas des juifs marocains. Pourquoi un tel choix ? «C’est une méthodologie inspirée du domaine de la communication. Il ne s’agit pas simplement de parler du discours de la religion, mais de son contexte et de son contenu, sans oublier ses acteurs», argumente El Khalfi. Et pourquoi s’être penché particulièrement sur le cas des juifs ? Ces derniers, dont la représentation est «symbolique» ne constituent pas un problème pour la société, «puisqu’ils ne sont pas plus de 3000», avance le rapport. Et de préciser : «Sauf dans quelques cas bien précis qui n’ont aucun lien avec la religion». El Khalfi pense qu’il fallait parler de cette question, pour qu’aucun amalgame ne soit fait entre les juifs du Maroc et le sionisme. Pour Darif, puisque le rapport évoque la question des juifs du Maroc, il aurait également dû s’intéresser aux chrétiens du pays et plus précisément à l’évangélisation, car c’est un problème bien réel, «qu’on le veuille ou non».

Hicham Bennani

Le Journal Hebdomadaire, octobre 2009

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2 Réponses

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  1. Atout Rabat said, on octobre 19, 2009 at 8:40

    Sur la forme : qu’une telle étude existe c’est déjà positif ! On pourra toujours discuter de la méthodologie mais plus que la critique c’est bien la critique constructive qui est nécessaire.

    Sur le fond : que le Maroc constate que la religion, plus que jamais, a son importance dans nos vies et que l’on peux modéliser par des statistiques ne doit pas faire oublier l’autre pan de l’histoire, tous les laisser pour compte qui n’on pas le choix de pratiquer, je pense plus particulierement aux enfants obligé de travailler.

    Selon « l’enquête nationale sur l’Emploi » -module enfant/2000-, le nombre d’enfants
    âgés de 7 à 14 ans est estimé à 5,4 millions. Parmi eux environ 600.000 sont au travail, le chiffre passe à 800 000 lorsqu’on augmente la tranche d’âge !

    Sur tous ces enfants, 12 % peuvent suivre une scolarité, alors l’école coranique…..

  2. hiba said, on octobre 15, 2010 at 8:01

    c formidanbkee


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